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Le Soufré présente un dichromisme sexuel marqué. Le dessus du mâle est d’un jaune soufre blafard, alors que celui de la femelle est blanc crème à nuances verdâtres. Dans les deux sexes, la bordure marginale noire inclut des taches claires assez étendues. L’aile antérieure, étirée, se caractérise par son apex anguleux et sa côte droite est légèrement concave. Des taches discoïdales ornent les ailes : noires aux antérieures, orange très pâle aux postérieures. Le revers du mâle est jaune vif avec une rangée de points noirs submarginaux bien visibles (critère déterminant). Celui de la femelle est jaune verdâtre aux postérieures, blanc aux antérieures. Au vol, le mâle est d’apparence plus claire que celui de son espèce jumelle, le Fluoré. La capture est nécessaire pour séparer les deux espèces. Certains individus sont difficilement identifiables, surtout les femelles. En revanche, la recherche des chenilles permet de lever le doute, car leur robe diffère : verte avec une rayure jaune sur chaque flanc chez le Soufré, verte avec deux rayures jaunes et des rangées de macules noires sur chaque flanc chez le Fluoré.
Le Soufré est l’hôte typique des milieux alluvionnaires fleuris, mésophiles à hygrophiles. Les mâles parcourent rapidement les prairies de fauche (avant la fauche et au moment du regain), les luzernières et les zones inondables à la recherche des femelles, s’arrêtant rarement pour butiner les Cirses, la Luzerne et les Trèfles. La chenille se développe sur diverses Fabacées, surtout les Trèfles (Trifolium repens,…), la Luzerne (Medicago sativa) et les Vesces (Vicia spp.). Hivernante, elle termine sa croissance au printemps suivant, mais souffre dans nos régions du froid et de l’humidité, rendant problématique la pérennité des populations locales.
Cette espèce bivoltine a un faible taux d’émergences en mai-juin, puis elle est commune en août-septembre. Des exemplaires migrateurs viennent renforcer dès la fin du printemps les faibles populations locales, assurant une génération estivale fournie ; les colonies automnales peuvent être très abondantes dans les luzernières.
Les adultes se nourrissent principalement du nectar des fleurs, les chenilles dévorent les plantes hôtes.
Les femelles étant attirées par les monocultures de ses plantes-hôtes cultivées (Luzerne, Trèfle…), il s’ensuit malheureusement une forte hécatombe lors de la fauche destinée aux ensilages et aux enrubannages. Les larves sont alors en plein développement lors de l’exploitation. En dépit de cette forte mortalité, l’espèce ne semble cependant pas particulièrement menacée. L’extension de certaines cultures céréalières au détriment des prés de fauche et des cultures régénératrices de Fabacées peut toutefois entraîner une réduction des espaces vitaux. Au vu de son écologie, il est délicat de mettre en application des mesures conservatoires fortes, si ce n’est de préconiser le décalage d’exploitation sur certaines surfaces, et le maintien des luzernières. En secteur alluvial, la conservation de continuités prairiales peut s’avérer intéressante, tant ces milieux herbacés ont parfois tendance à être délaissés au profit de cultures à l’impact beaucoup plus marqué pour les peuplements entomologiques (cultures céréalières…).
Les papillons sont les proies de nombreux insectivores, ils peuvent être consommés par d’autres insectes et des oiseaux par exemple.
Le Soufré est une espèce eurasiatique en forte régression dans le nord et l’ouest de la France et relativement localisée, mais ce migrateur semble présenter des populations régionalement stables. Dans nos régions, sa distribution très lacunaire est probablement le reflet de la difficulté de son identification. Son comportement migratoire peut la faire apparaître dans de nombreuses stations favorables, surtout le long des vallées, mais aussi jusqu’à haute altitude (1 100 m dans le massif du Jura).
DUTREIX C., 2013, Papillons diurnes et nocturnes de Bourgogne, Ouvrage, L'escargot savant : 368p.
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